LOVE AND INFORMATION

Caryl Churchill, grande dame du théâtre anglais actuel, a imaginé une forme théâtrale inédite pour mettre en scène un état des lieux du monde contemporain, à travers le prisme de l’amour et de l’information.

Chacune présente un condensé de vie contemporaine souvent inattendu qui résonne avec les précédents, dans une écriture fine et ciselée. L’équipe qui s’empare de la pièce est invitée à définir le contexte de chaque scène, que Caryl Churchill joue à laisser ouvert tout en offrant des règles du jeu très précises.

Les scènes ont pour fil rouge la question de l’information déclinée sous toutes ses formes, de la plus triviale à la plus philosophique. Du secret de famille aux entités virtuelles, en passant par l’ADN, la censure, les troubles de mémoire, ou l’info qu’on donne à une bonne amie ou à la police. Et sous la surface, les scènes sont réunies et traversées par la présence (ou absence) de l’amour, par des états et des élans amoureux qui jouent sans arrêt avec les informations reçues, qui viennent perturber, accompagner ou annuler leur réception, révélant notre humanité.

La pièce met ainsi en jeu plus d’une centaine de personnages au total, dans une composition théâtrale virtuose qui réunit et condense une vaste étendue de préoccupations actuelles, pour aller toucher des précipités de sens et d’émotion, avec délicatesse et de toutes ses forces.

Le monde que Caryl Churchill dépeint est notre monde occidental contemporain, avec ses angoisses et ses tendresses. C’est pour nous une des grandes forces du texte que d’être en prise directe avec la société qui nous entoure, avec parfois même quelques longueurs d’avance sur des questions de société qui ne vont pas tarder à surgir dans l’espace public. Il est d’ailleurs impressionnant de voir à quel point ce texte, écrit par une femme de plus de 70 ans, est en prise avec son temps et notamment avec sa jeunesse. Ainsi une scène (qui fait penser très fort au film Her de Spike Jonze – la pièce étant antérieure) montre par exemple quelqu’un défendre mordicus son couple avec une entité virtuelle face à des amis qui tentent de le raisonner, et on a le sentiment troublant qu’il défend la légitimité de son amour avec cet être virtuel comme d’autres défendent un couple mixte ou homosexuel. Nous tentons avec cette pièce de prendre le pouls d’une époque où nous sommes noyés d’informations et face à de nouvelles questions d’identité. Car ce texte est aussi un scanner des espoirs et mélancolies de générations qui se cherchent, et tentent d’appréhender un nouveau monde dont la course du temps semble – c’est ce qu’on nous dit – toujours s’accélérer. Mais Caryl Churchill a la délicatesse et l’intelligence de le faire avec un humour ravageur. Elle manie à merveille le sens de l’ironie, avec un air de ne pas y toucher terriblement british, qui vient toujours de pair avec une conscience sociale et politique salutaire. Et, tout au bout de la dernière scène du texte, apparaît le fond du propos de la pièce, brillant et délicat, qu’on pourrait résumer ainsi :

Nous sommes continuellement abreuvés d’informations, mais la seule qui compte réellement, c’est “Est-ce que tu m’aimes ?”.

La pièce est principalement composée de 50 scènes indépendantes, d’une durée de 15 secondes à 5 minutes. Chaque scène ne présente aucun lien narratif direct avec la précédente : situations, lieux, personnages, atmosphères, tout semble nouveau. La construction kaléidoscopique de la pièce est une réponse au morcellement actuel des informations que nous recevons. Le numérique a développé de nouveaux types de relations à nos connaissances et nos mémoires, de nouvelles façons de chercher, de se laisser porter par sérendipité. Et ces nouveaux réflexes s’étendent aux relations personnelles que nous entretenons avec notre environnement. La pièce tisse des réseaux de connexions, et le passage d’une scène à l’autre n’est pas un zapping inconscient. Une scène vient résonner avec une précédente, prolonger, dévier ou renverser une sensation, un concept ou une émotion. Des fulgurances viennent percer des répits. Chaque scène vaut pour elle-même, et creuse des rapports intimes et politiques. Mais sur la durée apparaissent d’autres sens, des liens synesthésiques, des sensations d’ensemble. C’est autant l’agencement de cette cartographie générale que le détail de ces éléments qui définit la nature de l’expérience. Car c’est chaque fois une intelligence et une sensibilité qui agencent ces réseaux et donnent du lien. D’abord celles d’une autrice, puis celles d’une équipe de création, et enfin celles du spectateur.

Par sa forme théâtrale, Love and Information est une réponse du vivant à l’éclatement du numérique.

Création 2016

19 octobre 2017 > THÉÂTRE DU PAYS DE MORLAIX MORLAIX (29)
13 octobre 2017 > QUAI DES RÊVES LAMBALLE (22)
7 octobre 2017 > THV SAINT-BARTHÉLEMY-D’ANJOU (49)
22, 23 et 24 mai 2017 > THÉÂTRE L’AIRE LIBRE SAINT-JACQUES-DE-LA-LANDE (35)
28 et 29 avril 2017 > LA MAISON DU THÉÂTRE BREST (29)
25 avril 2017 > DSN DIEPPE (76)
13 avril 2017 > LES 7 COLLINES TULLE (19)
11 avril 2017 > THÉÂTRE DU CLOÎTRE BELLAC (87)
7 avril 2017 > CCM LIMOGES (87)
3 et 4 avril 2017 > THÉÂTRE L’EPHÉMÈRE LE MANS (72)
5 et 6 décembre 2016 > 3T CHÂTELLERAULT (86)
2 décembre 2016 > THÉÂTRE DE THOUARS THOUARS (79)
29 et 30 novembre 2016 > THÉÂTRE DE LA VILLE DE SAINTES SAINTES (17)
03 novembre 2016 > L’ARCHIPEL FOUESNANT (29)

Equipe

Texte Caryl Churchill

Traduction Elisabeth Angel-Perez

Mise en scène Guillaume Doucet

Assistanat à la mise en scène Bérangère Notta

Jeu Philippe Bodet, Jean-Pierre Fermet, Gaëlle Héraut, Camille Kerdellant, Marina Keltchewsky, Nadir Louatib, Chloé Vivarès, Manon Payelleville et Jules Puibaraud

Création lumières Lucas Samouth

Création et régie son Maxime Poubanne

Régie générale et lumières Elodie Rudelle

Régie plateau Ludovic Losquin et Antoine Pansart

Accessoires Eve-Laure Lacroix

Costumes Laure Fonvieille

Habillage Laure Fonvieille et Marion Régnier

Stagiaire costumes Julie Michel

Création et régie vidéo Serge Meyer

Photographie Caroline Ablain

Production Claire Marcadé et Camille Siegel

Construction décors Maxime Poubanne et Ludovic Losquin

 
Partenaires

Coproduction

DSN – Dieppe Scène Nationale | L’Archipel, pôle d’action culturelle – scène de territoire pour le théâtre, Fouesnant-les Glénan | Les 3T – Théâtres de Châtellerault | CPPC – Théâtre l’Aire Libre, Saint-Jacques-de-La-Lande | La Maison du Théâtre, Brest | Théâtre du Pays de Morlaix | Théâtre du Champ au Roy, Guingamp | Théâtre de Thouars – Scène conventionnée | Le Carré magique, Lannion | CCM Limoges / Centres culturels Municipaux


Aide à la coproduction

Scènes de territoire, Bressuire | Gallia Théâtre – Scène conventionnée de Saintes | Théâtre du Cloître, Bellac | Les Sept Collines – scène conventionnée de Tulle 


Soutiens Quai des rêves – Centre culturel de la ville de Lamballe | Théâtre de l’Ephémère, Le Mans | THV Saint-Barthélémy d’Anjou.



Avec la participation artistique de l’ENSATT et le Fonds d’Insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques, DRAC et Région Provence-Alpes-Côtes d’Azur.


Avec l’aide de la Ville de Rennes ; Conseil départemental 35 ; Conseil régional de Bretagne ; ADAMI.


La diffusion de ce spectacle a bénéficié du soutien financier de Spectacle Vivant en Bretagne.


Le groupe Vertigo est conventionné par le Ministère de la Culture – DRAC Bretagne.


L’Arche est agent théâtral du texte représenté.


Ce texte est lauréat de la Commission nationale d’Aide à la création de textes dramatiques – Artcena.

 

Photographies : Caroline Ablain

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